• Donald Trump a averti, mercredi 11 avril, du tir imminent de missiles contre le régime de Bachar al-Assad. © Amy*McClane  NYC  The New York Times

    "Donald Trump a averti, mercredi 11 avril, du tir imminent de missiles contre le régime de Bachar al-Assad."  

    Washington et Moscou sont toujours engagés dans un face-à-face tendu sur le dossier syrien, Donald Trump avertissant du tir imminent de missiles en Syrie. Le régime syrien a, lui, évacué des aéroports et des bases militaires, selon une ONG.

    Le face-à-face entre les Etats-Unis et la Russie sur le dossier syrien est de plus en plus tendu. Au lendemain d’un triple vote à l’ONU n’ayant abouti sur aucun consensus, Donald Trump a averti, mercredi 11 avril, du tir imminent de missiles contre le régime de Bachar al-Assad, en représailles à une attaque chimique présumée près de Damas.

    "La Russie jure d'abattre n'importe quel missile tiré sur la Syrie. Que la Russie se tienne prête, car ils arrivent, beaux, nouveaux et ‘intelligents!’ Vous ne devriez pas vous associer à un Animal qui Tue avec du Gaz, qui tue son peuple et aime cela", a tweeté le président des Etats-Unis au lendemain d'un veto russe à l'ONU à un projet de résolution américain.

    Les chefs du Pentagone, Jim Mattis, et de la CIA, Mike Pompeo, se sont rendus à la Maison Blanche mercredi. En appui au président, le Pentagone s'est dit "prêt" à présenter des options militaires pour frapper la Syrie.

    Toutefois, après les tweets présidentiels va-t-en-guerre du matin, la Maison Blanche s'est montrée plus prudente dans l'après-midi. "Le président tient la Syrie et la Russie pour responsables de cette attaque aux armes chimiques", mais "toutes les options sont sur la table, la décision finale n'a pas été prise", a déclaré sa porte-parole, Sarah Sanders.

    Donald Trump a par ailleurs déploré que les relations entre les Etats-Unis et la Russie soient "pires aujourd'hui qu'elles ne l'ont jamais été, y compris pendant la Guerre froide". Un constat d'échec pour le président américain qui avait fait de la relance des relations avec la Russie un des grands objectifs de sa politique étrangère.

    "En cas de frappe américaine [...] les missiles seront détruits”

    Jugeant la situation "très tendue", le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a de son côté dit espérer "que toutes les parties vont éviter tout acte qui ne serait en réalité en aucun cas justifié".

    "Les missiles guidés devraient filer vers les terroristes, pas vers le gouvernement légal qui combat depuis plusieurs années sur son sol le terrorisme international", a également écrit sur Facebook Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

    Plus menaçant, l'ambassadeur russe au Liban Aleksander Zasypkin a averti, sur la chaîne Al-Manar, basée au Liban et gérée par le Hezbollah chiite libanais : "En cas de frappe américaine [...] les missiles seront détruits, de même que les équipements d'où ils ont été lancés".

    La perspective d'une action militaire des Américains s'inscrit dans un contexte extrêmement difficile entre l'Occident et la Russie, après l'affaire de l'ex-espion Sergueï Skripal empoisonné par un agent innervant en Angleterre le 4 mars.

    Theresa May convoque une réunion d’urgence

    Les Américains apparaissent d’ailleurs soutenus par la France et probablement le Royaume-Uni face à la Russie. La première ministre britannique Theresa May, qui a dénoncé l'"attaque barbare" de Douma, a convoqué pour jeudi une réunion d'urgence de son gouvernement, afin de "discuter de la réponse à apporter aux événements en Syrie", a annoncé une porte-parole mercredi soir.

    La France annoncera quant à elle "dans les prochains jours" une "décision" en accord avec les alliés américain et britannique, a dit le président français Emmanuel Macron, assurant que les bombardements viseraient "les capacités chimiques" du régime de Damas.

    Dans ce contexte, la Turquie, autre acteur-clé dans le conflit syrien, a elle employé un discours différent, exhortant Moscou et Washington à cesser ce qu’elle estime être une "bagarre de rue”. "L'un dit ‘J'ai de meilleurs missiles’, l'autre dit ‘Non, c'est moi qui ai de meilleurs missiles. Allez, chiche, envoie-les !’ [...] C'est une bagarre de rue, ils se bagarrent comme des caïds", a déploré le Premier ministre Binali Yildirim lors d'un discours à Istanbul.

    Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lui aussi appelé à de la retenue. Alors que la diplomatie onusienne a échoué, mardi, à trouver un consensus sur ce dossier, il a exhorté les cinq membres permanents de l’ONU à éviter une situation hors de contrôle.

    Face au risque d'attaques, l'armée syrienne a en tout cas évacué des aéroports, des bases militaires ainsi que les bâtiments du ministère de la Défense et de l'état-major à Damas, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG qui centralise des informations sur le pays.

     


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  • Il s'agirait d'un « message très clair » à la France en période de tensions sur la Syrie...

      La frégate «Aquitaine» de la Marine française, à Brest, en 2017. © RSN  Network  Avril  2018

    "La frégate «Aquitaine» de la Marine française, à Brest, en 2017."  

    Une posture « agressive ». Au moins un avion russe a survolé un navire de la Marine française le week-end dernier en Méditerranée, selon les informations de l’hebdomadaire Le Point.

    Alors que de tels survols ne seraient pas rares, l’incident s’est distingué par la proximité entre l’avion qui volait à basse altitude et le navire, ainsi que par le fait que l’appareil russe était « doté de ses armes ».

    Le navire ainsi menacé serait la frégate multi-missions française Aquitaine, qui croise actuellement en Méditerranée dans le cadre de l'opération Chammal au Levant, regroupant les forces françaises engagées au sein de la coalition contre Daesh. La Russie signerait ainsi, d'après les sources du Point, un « message très clair » à l’État français, alors que l’Aquitaine est équipé de missiles de croisière navals (MdCN), dont la portée de plusieurs centaines de kilomètres permet de viser des objectifs stratégiques, par exemple en Syrie, tout en restant dans les eaux internationales.

    La Russie, qui a opposé son veto mardi au Conseil de sécurité de l’ONU à un projet de résolution américain prévoyant de créer un mécanisme d'enquête sur le recours aux armes chimiques en Syrie, a par ailleurs prévenu qu'une intervention militaire américaine serait «très, très dangereuse».

     


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  • Moscou nie la réalité de toute attaque chimique à Douma, le dernier fief des rebelles syriens près de Damas et va déposer à l’ONU une résolution exigeant une enquête.

    Il y a quasiment un an jour pour jour, Nikki Haley, la représentante américaine à l’ONU, avait brandi les photos insoutenables de jeunes enfants syriens gazés au sarin dans la localité de Khan Cheikhoun. Cette attaque avait conduit les Etats-Unis de Donald Trump à conduire leur premier raid aérien contre des positions du régime. Douze mois plus tard, les images des enfants de Douma, le dernier réduit rebelle de la Ghouta orientale, près de Damas, n’ont pas été exhibées aux yeux des ambassadeurs. « Le régime syrien n’aurait même pas honte », a-t-elle lâché, mâchoire serrée.

      L’ambassadeur français, François Delattre (à gauche), et l’ambassadrice états-unienne, Nikki Haley, auprès de l’Organisation des Nations unies, à New York, le 9 avril. © Amy*McClane  New York City  " The real time information " 2018

    "L’ambassadeur français, François Delattre (à gauche), et l’ambassadrice états-unienne, Nikki Haley, auprès de l’Organisation des Nations unies, à New York, le 9 avril."  

    Mais les Etats-Unis envisageraient une « action imminente », selon M. Trump, qui a rencontré ses conseillers militaires dans la soirée du 9 avril à Washington. Le président américain et son homologue français se sont entretenus dans la nuit pour « réaffirmer leur souhait d’une réaction ferme de la communauté internationale face à ces nouvelles atteintes à l’interdiction des armes chimique », et ont convenu de « rester étroitement en contact ».

    Un peu plus tôt dans la journée, le Conseil de sécurité de l’ONU s’était réuni en urgence, lors d’une session particulièrement tendue, pour évoquer l’attaque aux gaz toxiques sur Douma.

    Mardi, le secrétaire général de l’ONU s’est dit outré par l’attaque présumée chimique en Syrie, appelant à une enquête « impartiale » donnant un accès sans entrave aux enquêteurs internationaux. « Toute utilisation confirmée d’armes chimiques, par n’importe quelle partie au conflit et en toutes circonstances, est odieuse et constitue une violation flagrante du droit international », a déclaré Antonio Guterres. « La gravité des récentes allégations nécessite une enquête approfondie utilisant une expertise impartiale, indépendante et professionnelle », a-t-il ajouté dans un communiqué.

    Mené dans la soirée du 7 avril, ce « carnage chimique », selon les mots de l’ambassadeur français, François Delattre, aurait fait une cinquantaine de morts et plusieurs centaines de blessés. Les symptômes sont « typiques d’une exposition à un agent neurotoxique puissant, combiné au chlore pour en augmenter l’effet létal », a exposé le représentant du Quai d’Orsay.

    « La France sera claire »

    Dès la nouvelle connue, Paris et Washington avaient promis d’apporter une « réponse forte » à cette provocation du régime Assad. Les ambassadeurs ont donc esquissé, lors de ce briefing public, les contours d’une action contre le régime syrien sans évoquer clairement l’option militaire. Tout en colère rentrée, l’ambassadrice Nikki Haley a estimé, dans une déclaration très courte, que le moment était venu pour que « justice soit rendue » aux civils syriens. « L’Histoire se souviendra de ce jour comme de celui où le Conseil s’est acquitté de son devoir, ou au contraire comme du jour où il a démontré son échec total. Quoi qu’il en soit, les Etats-Unis vont réagir », a t-elle prévenu.

    François Delattre, dans une logique de pression maximale sur Moscou, a été très ferme dans sa démonstration des responsabilités russo-syriennes dans l’utilisation d’armes chimiques. « Seules les forces armées syriennes ont un intérêt militaire à leur utilisation » car ces armes permettent « des avancées tactiques bien plus rapides qu’une arme conventionnelle », a-t-il accusé. Dans l’ouest de la Syrie, pas un avion ne peut décoller sans l’autorisation de la Russie, qui contrôle les airs. « Ces attaques sont donc intervenues soit avec l’accord tacite ou explicite de la Russie, soit malgré elle et en dépit de sa présence militaire », selon l’ambassadeur. Et de conclure : « La France assumera toutes ses responsabilités au titre de la lutte contre la prolifération chimique. La France sera claire, elle tiendra ses engagements et sa parole. »

    Paris comme Washington, qui ont fait de l’emploi d’armes chimiques létales en Syrie une « ligne rouge », se trouvent maintenant sous pression. Pour justifier le passage à l’action militaire, les deux pays pourraient saisir de nouveau rapidement le Conseil de sécurité. Les Etats-Unis ont déjà fait circuler un projet de résolution qui pourrait être soumis à un vote dès mardi.

    « Le scénario est écrit d’avance, estime un diplomate. Le veto russe est quasi assuré, mais il arrangera tout le monde : les Russes, qui prouveront qu’ils restent fidèles à leur ligne, et les Occidentaux, qui montreront qu’ils ont, de bonne foi, essayé toutes les options diplomatiques avant de recourir à la force. »

    Le texte de la résolution, que Le Monde a pu consulter, prévoit la création d’un mécanisme d’enquête proche du JIM (Joint Investigation Mission), qui réunissait des inspecteurs de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, et qui avait été supprimé par un veto russe en novembre 2017. Il demande en outre au régime syrien de fournir les noms des pilotes qui auraient pu se trouver en vol le 7 avril à l’heure de l’attaque, ainsi que les plans de vol. Le représentant russe, Vassily Nebenzia, a d’ores et déjà averti du caractère « inacceptable » d’une telle résolution.

    « Se réveiller rapidement »

    Moscou se défend d’avoir permis la moindre attaque chimique et assure que ses experts, qui ont recueilli des échantillons sur le terrain de Douma, n’ont pas relevé d’agents neurotoxiques. Il s’agirait au contraire, pour l’ambassadeur russe, d’une « mise en scène » macabre organisée par les rebelles. Mardi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré que Moscou allait déposer à l’ONU un projet de résolution exigeant la tenue d’« une enquête ». « Nous sommes intéressés à ce que les experts indépendants de l’Organisation internationale sur les armes chimiques » participent à cette enquête, a-t-il dit.

    Depuis Genève, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al- Hussein, a appelé à un sursaut : « Le monde et en particulier les Etats dotés d’un droit de veto [au Conseil de sécurité] doivent se réveiller rapidement face aux dommages irréparables qui sont causés à l’un des piliers les plus importants du contrôle des armes », évoquant une violation manifeste de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.

    Selon l’organisation Human Rights Watch, 85 attaques chimiques ont eu lieu entre août 2013 et février 2018, dont « au moins 50 sont imputables au gouvernement syrien » en violation du régime de non-prolifération chimique. Si des frappes sont conduites contre le régime syrien, elles sont justifiées par la nécessité de « rétablir le tabou » sur l’usage d’armes chimiques qui risquerait de « pulvériser l’ordre international », assure un diplomate. Passée la tempête, il sera alors temps de travailler à « recréer un mécanisme d’enquête consensuel » impliquant la Russie.

     

     


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  • À Nantes, ville marquée par la contestation contre le projet d'aéroport, des échauffourées ont éclaté en début de soirée.

      figarofr: Des manifestants ont défilé, lundi à Nantes, pour protester contre le démantèlement de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. © RSN  Network  Avril  2018

    "Des manifestants ont défilé, lundi à Nantes, pour protester contre le démantèlement de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes".  

    À Nantes (Loire-Atlantique)

    Lundi, on recensait en France pas moins de 90 appels à des manifestations «aussi déterminées que diverses», selon les porte-parole des zadistes, en réaction aux expulsions de Notre-Dame-des-Landes. L'appel aux rassemblements partout en France, prévus pour lundi à 18 heures, avait été diffusé ces jours derniers. Plusieurs villes ont donc vu des manifestants se réunir, surtout en Bretagne et en Pays de la Loire, mais aussi à Chambéry, Strasbourg, Guéret, Nîmes et Paris, au métro Belleville. Toute la journée, de nombreux soutiens se sont manifestés: communiqués et appels de diverses organisations (SUD Rail, Greenpeace, etc.), occupation de la mairie à Forcalquier…

    À Nantes, lundi, comme à l'accoutumée, les manifestants avaient rendez-vous au bout du cours des 50 Otages. À 18 heures, ils étaient plus de 500, rassemblés sous les fenêtres de la préfecture. La police a dénombré un total de 1200 manifestants dans la soirée. Peu de drapeaux syndicaux ou associatifs, quelques pancartes humoristiques - «Inexpulzad», «Zadons nous les uns les autres» - et un drap blanc peinturluré de «Le printemps est là, la ZAD refleurira.»

    Camille, une Nantaise de 45 ans qui choisit de se présenter avec le prénom usuel des zadistes, est ici «parce qu'on ne peut pas être là-bas», là où les premières expulsions ont débuté à l'aube. Pour elle, pas d'amertume, mais plutôt l'envie de voir perdurer cette «incroyable, grande et belle zone d'expérimentation de vie aux portes de Nantes». «Il ne faut pas la gâcher. C'est une richesse qui devrait être reconnue à l'échelle régionale et nationale», assure-t-elle.

    Que penser des critères imposés aux futurs habitants de la ZAD par le gouvernement: projet agricole sérieux, volonté de s'inscrire dans l'État de droit, construction en dur? «Ça veut dire quoi projet agricole sérieux, etc.? Si un forgeron qui aide un agriculteur avec ses outils n'en fait pas partie, on n'a rien compris. Ces liens, cette solidarité, ça permet de créer ce projet agricole différent, justement». Des mots glissés sous le bourdonnement d'un hélicoptère de gendarmerie.

    Peu avant 20 heures, quelques échauffourées ont éclaté, notamment avec des jets de projectiles. «Ma préoccupation principale va à la sécurité de Nantes, de ses habitants, de ses commerçants, et de toutes celles et tous ceux qui y vivent, y travaillent, s'y déplacent […], explique Johanna Rolland, maire de Nantes, qui a demandé «avec la plus grande fermeté» à l'État «d'assurer la protection» de la ville et «en particulier de son centre-ville». «On se prépare toujours à ce qu'une partie des manifestants soient particulièrement violents», explique de son côté Nicole Klein, préfète de Loire-Atlantique. Un «dispositif nécessaire, comme pour chaque événement de ce type est mis en place», sans qu'un décompte précis de policiers mobilisés ne soit communiqué. La ville avait connu des heurts fin mars, lorsque des centaines de personnes avaient défilé contre les expulsions. Des manifestants avaient jeté des feux d'artifice et des fumigènes dans l'enceinte du bâtiment de la préfecture. En 2014, les Nantais avaient assisté à de véritables des scènes de guérilla urbaine et le maire s'était plaint de nombreuses dégradations. Les commerçants du centre-ville s'inquiètent donc de l'impact qu'auraient des manifestations à répétition… Les habitués ne vont-ils pas déserter les boutiques?

    Lundi, à Rennes, alors que la manifestation était non déclarée, 250 CRS sont arrivés ces jours derniers. Environ 200 personnes étaient réunies place Sainte-Anne vers 18 heures lundi.

    Il est vrai que deux capitales régionales sont le berceau, depuis dix ans, d'un renouveau contestataire, marqué par l'extrême gauche. Du soutien aux migrants à l'opposition frontale aux réformes du droit du travail, sur fond de tensions autour du projet d'aéroport, la tradition anarcho-syndicaliste locale revit. Rien que pour le mouvement contre la loi dite El Khomri, de mars à septembre 2016, ce ne sont pas loin de 30 manifestations qui se sont succédé sur les bords de Loire.

    «Il y a des liens entre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et les mouvements d'autonomes à Nantes ou Rennes, c'est sûr. Les réseaux sont analogues, avec des jeunes de moins 30 ans qui naviguent d'un endroit à l'autre. Quelques jeunes venus des quartiers viennent parfois si greffer sur une manifestation», décrypte, anonymement, un fonctionnaire de police nantais. «Nantes est la base arrière de la ZAD et la ZAD est la base arrière de Nantes», assure même la sociologue Sylvaine Bulle, spécialiste des mouvements de contestation. Dès lundi soir, un nouvel appel a été lancé pour une manifestation à Nantes ce samedi.

     


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  • Par 74 voix contre 20, les députés ont adopté lundi soir le changement de statut de la SNCF qui deviendra un "groupe public unifié" soumis aux "dispositions du code de commerce relatives aux sociétés anonymes", en 2020.

      L'Assemblée approuve le principe du changement de statut de la SNCF, reprise "progressive" du trafic mardi © RSN  Network  Avril  2018

    "L'Assemblée approuve le principe du changement de statut de la SNCF, reprise "progressive" du trafic mardi"  

    L'Assemblée a donné son feu vert lundi soir au principe d'une nouvelle organisation de la SNCF en "société nationale à capitaux publics" après sept heures de débats, parfois vifs. Après un quatrième jour d'une grève toujours très suivie des cheminots, une reprise "progressive" du trafic prévue mardi.

    La SNCF deviendra un "groupe public unifié". Au grand dam de la gauche de la gauche, les députés ont donné leur aval par 74 voix contre 20 à un amendement du gouvernement qui prévoit qu'à compter du 1er janvier 2020, "la société nationale à capitaux publics SNCF et ses filiales constituent un groupe public unifié". Celui-ci sera soumis "aux dispositions du code de commerce relatives aux sociétés anonymes" et aura un capital "intégralement détenu par l'État".

    12 mois pour "fixer les conditions de création du groupe public". D'autres amendements qui restaient à examiner dans le cadre des débats en première lecture sur le texte, doivent autoriser le gouvernement à prendre par voie d'ordonnance dans un délai de 12 mois des mesures pour "fixer les conditions de création du groupe public" et ses "conditions de fonctionnement", notamment en matière de gouvernance.

    Une réforme "impérative" pour Borne. À l'ouverture des discussions, la ministre des Transports Elisabeth Borne avait défendu globalement une réforme "impérative" et plaidé pour un débat "délesté des fantasmes et des contre-vérités qui le polluent", notamment sur le changement de statut qui n'est pas une privatisation. Vantant une réforme "pour les usagers", elle avait aussi récusé toute volonté du gouvernement de "passer en force".

    La gauche vent debout. Mais à l'unisson des syndicats, les Insoumis et communistes n'ont eu de cesse de monter au créneau contre la réforme, y compris en recourant à des débats de procédure avec des rappels au règlement. Jean-Luc Mélenchon et Alexis Corbière à l'offensive contre la ministre des Transports : "Vous voulez porter à la ceinture le scalp d'une série de salariés qui ont toujours été en première ligne pour défendre leur outil de travail", a clamé le député de Seine-Saint-Denis.  

    Nouvelle Gauche a aussi affiché ses "divergences" sur la dette, les investissements ou encore le statut des cheminots, le nouveau patron du PS, Olivier Faure, prédisant au gouvernement qu'il va "rencontrer la colère" des Français.

    Une réforme courageuse pour LREM. En défense, plusieurs élus LREM ont appelé la gauche à "sortir des caricatures" ou défendu le "courage" de la réforme, Laurianne Rossi, ex-employée du groupe ferroviaire, dénonçant ceux qui voudraient "figer le train de la SNCF dans un passé de carte postale".

    "Un texte bâclé", selon LR. LR, pour qui la réforme n'est pas assez "courageuse", a aussi dénoncé "un texte bâclé", critiquant à l'instar de la gauche la méthode avec des amendements du gouvernement "arrivés en catimini". Le groupe de droite a aussi plaidé en vain pour inscrire dans la loi la sauvegarde des "petites lignes". Les débats dureront jusqu'à mardi prochain, jour du vote solennel.

    Des manifestations avant les débats. Peu avant l'ouverture des débats en première lecture, plusieurs centaines de cheminots et sympathisants s'étaient rassemblés non loin du Palais Bourbon, pour défendre "l'avenir du service public ferroviaire". "Cheminots en colère" ou "ça va péter!", scandaient les manifestants, chasubles aux couleurs de leurs syndicats (CGT, Unsa, Sud, CFDT, FO) sur le dos. Environ 300 d'entre eux sont ensuite partis en manifestation sauvage vers la tour Eiffel avant de se disperser. Des rassemblements et défilés ont aussi eu lieu à Lyon, Lille, ou Marseille.

    Un trafic encore perturbé. Après une deuxième séquence de deux jours de grève, et un trafic resté "très perturbé" lundi, la SNCF prévoyait pour mardi une "reprise progressive" du trafic. La circulation des TGV sera normale mais les lignes régionales (Transilien et TER) et Intercités resteront légèrement perturbées.

     


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