• Le gouvernement doit annoncer ce mardi un abaissement de la limitation de la vitesse sur les routes secondaires. Décryptage.

    Un panneau de circulation installé à Hyet, le 1er juillet 2015.© Copyright 2018, L'Obs Un panneau de circulation installé à Hyet, le 1er juillet 2015.

    Le gouvernement a tranché. La limitation de vitesse sur les routes secondaires à double sens (sans séparation au milieu) va être abaissée prochainement à 80 km/h, au lieu de 90 km/h actuellement. Edouard Philippe l'a confirmé ce weekend, dans une interview au "Journal du dimanche". "Je sais que si nous annonçons cette mesure je serai critiqué. Mais je sais qu'elle va sauver des vies, et je veux sauver des vies", explique dans cet entretien le Premier ministre.

     

    "Je comprends les arguments, et même la mauvaise humeur, mais je ne le fais pas pour augmenter les recettes de l'État – d'ailleurs, nous annoncerons des choses à ce sujet. Et si pour sauver des vies il faut être impopulaire, j'accepte de l'être." 

     

    Cette mesure, qui doit être officialisée mardi 9 janvier lors d'un comité interministériel de la sécurité routière, pourrait concerner environ 400.000 kilomètres de routes secondaires. Elle intervient alors qu'en 2016, un total de 3.477 personnes ont perdu la vie sur les routes françaises, un chiffre en hausse pour la troisième année consécutive et bien éloigné de l'objectif de passer sous la barre des 2.000 morts en 2020, fixé en 2012 par Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur. 

    Cette diminution, à laquelle le candidat Macron n'était pas favorable pendant la campagne, va permettre de faire reculer le nombre d'accidents mortels, et d'enrailler la hausse de la mortalité constatée depuis 2014, veut croire le Premier ministre.

     

    Entre 200 et 400 vies sauvées par an ?

     

    Une baisse de la vitesse limite de 10 km/h peut-elle vraiment avoir un impact sur le nombre d'accidents ? "Le fait que cela ferait baisser le nombre de morts et le nombre d'accidents ne fait pas l'ombre d'un doute", clame le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe. Pour justifier cette mesure, ce responsable, comme le Premier ministre, s'appuie sur plusieurs chiffres du Conseil national de la sécurité routière (CNSR).

    Dans une note détaillant les bénéfices de cette mesure, adressée par la Sécurité routière aux préfets en décembre (voir ci-dessous), on peut ainsi lire que, selon une étude réalisée par le comité des experts du CNSR et rendue publique en 2013, une baisse de la vitesse de 10 km/h pourrait permettre de préserver "entre 200 et 400 vies par an", suivant le nombre de kilomètres de voies concernées. 

    Ces estimations, précise le CNSR, reposent sur des travaux conduits depuis les années 80 par deux chercheurs - Göran Nilsson et Rune Elvick - qui ont démontré qu'"une variation de la vitesse de 1% induit une variation du nombre d’accidents corporels de 2% et une variation du nombre d’accidents mortels de 4%". 

    Ces estimations sont, sans surprise, contestées par le lobby de défense de l'automobile. "Aucune étude n’a pour l’heure prouvé l’efficacité de la mesure pour lutter contre la mortalité routière", dénonce l'association "40 millions d'automobilistes, qui a lancé une pétition pour mobiliser contre cette mesure gouvernementale.

    Sur son site, l'association qualifie la formule qui avance qu'une variation de la vitesse de 1% induit une variation du nombre d’accidents mortels de 4%", et qui sert de base aux estimations du CNSR, de "théorie mathématique surannée". "Elle est basée sur des réalités routières d’il y a près de 50 ans, sans commune mesure avec ce que l’on voit aujourd’hui", prétend l'association, qui ajoute :

     

    "Les infrastructures routières, de même que les performances des véhicules en termes de sécurité active et passive ont infiniment progressé, et cela n’a pas été pris en compte. Il est impossible donc, dans ces circonstances, d’évaluer le réel impact d’une telle mesure sur la sécurité routière aujourd’hui."

     

     

    Une mesure expérimentée pendant seulement 2 ans

     

    Ces critiques sont-elles légitimes ? Les estimations du CNSR doivent-elles être nuancées ? Une expérimentation de baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires a justement été menée en France entre 2015 et 2017, sur trois tronçons de 86 km au total. Avec quels résultats ? Mentionné dans la note qui a été envoyée aux préfets, ce test s'est traduit, selon la Sécurité routière, par trois phénomènes : 

     

      une nette diminution de la vitesse moyenne sur les routes concernées, aucun surplus d’embouteillages sur les trois axes une accidentalité amorcée à la baisse.

     

    Ces résultats restent toutefois à prendre avec précaution. "Si les données d’accidentalité disponibles ont marqué une tendance positive, la période considérée et le faible nombre de kilomètres concernés sont cependant trop réduits pour pouvoir en tirer des conclusions définitives, cinq années étant le délai scientifique retenu dans ce type d’études", précise la Sécurité routière.

    Bien qu'aucun chiffre n'a pour l'instant été rendu public au sujet de cette baisse - ce que ne manquent de déplorer les associations de défense des automobilistes, mais aussi Gérard Larcher - Édouard Philippe a, au cours du weekend, avancé quelques données chiffrées. 

    Dans une lettre adressée à un sénateur, et révélée par BFMTV, le Premier ministre précise que 20 accidents faisant 3 morts et 42 blessés ont été enregistrés sur ces trois portions entre le 1er juillet 2015 et le 1er juillet 2017, contre 67 accidents faisant 15 morts et 108 blessés sur les cinq années qui ont précédé l'expérimentation. "Ramenés à une échelle de deux ans, ces chiffres correspondent respectivement à 27 accidents, 6 tués et 43 blessés", observe le chef du gouvernement, qui voit dans ces résultats la preuve que ce test a porté ses fruits. 

     

    Un moyen de diminuer la gravité des accidents

     

    Chercheur à l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (IFSTTAR), membre du Conseil national de la sécurité routière (CNSR), et favorable à l'abaissement de la vitesse limite sur les routes, Jean-Pascal Assailly voit dans les débats sur l'efficacité ou non d'une telle mesure le signe de la persistance d'une certaine singularité française en matière de sécurité routière. "Les mesures destinées à renforcer la sécurité sur les routes sont dans notre pays bien davantage contestées que dans les pays voisins", explique-t-il. 

    Or l'impact de la diminution de la vitesse sur le nombre d'accidents et de morts est "incontestable" et fait "l'objet d'un consensus scientifique", assure ce psychologue, auteur de "La mortalité chez les jeunes" et "Homo automobilis ou l'humanité routière" (à paraître). "Certes, la vitesse n'est pas la seule cause des accidents de la route", souligne l'expert. "Mais quelque soit les causes d'un accident, elle détermine toujours la gravité de celui-ci. En diminuant la vitesse sur les routes, on est donc certain de diminuer sa gravité, de réduire les dommages qu'il va occasionner".

    Et le chercheur d'ajouter :

     

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    "Une baisse de la vitesse de 10 km/h n'est pas anodine pour la sécurité. Lors d'un accident, la frontière entre une blessure légère, un handicap lourd et la mort tient parfois à seulement quelques kilomètres/heure."

     


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  • Les candidats ont jusqu'au 27 janvier pour se faire connaître, l'élection étant prévue le 29 mars, avant un Congrès début avril.

    Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture.© RSN  Network  Janvier  2018 -/-Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture.

    Dans un entretien publié ce mardi dans le quotidien Le Maine Libre, Stéphane Le Foll annonce sa candidature au poste de premier secrétaire du Parti socialiste. Le député et ancien ministre, dont la candidature ne faisait guère de doute, évoque dans cette interview un parti "exsangue" qu'il entend "faire évoluer". Il sera ce mardi l'invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC à 8h30.

    "J'ai donc décidé de relever le défi, ou plutôt les défis qui sont face à nous, en présentant un projet devant les militants" lors du congrès du PS en avril, déclare-t-il, faisant le lien entre sa candidature et la récente décision de Najat Vallaud-Belkacem de ne pas se porter candidate.

     

    "Najat Vallaud-Belkacem a pris sa décision que je respecte. Nous avons servi ensemble dans les mêmes gouvernements et je salue son engagement car nous aurons besoin d'elle", explique l'ancien ministre de François Hollande.

     

     

    "Les défis sont nombreux"

     

    Pour Stéphane Le Foll, "les défis sont nombreux: le PS fait face à une double défaite, présidentielle et législatives. Il est exsangue, inaudible aux oreilles des Français". Le député de la Sarthe estime que "la présidentialisation des institutions actuelles sous Emmanuel Macron met à mal les partis dits 'traditionnels'. Il faut donc être capable de faire évoluer le Parti socialiste et de l'adapter à ce nouveau contexte". Alors qu'on le présente parfois comme étant "macron-compatible", Stéphane Le Foll, 57 ans, se revendique "dans l'opposition" au chef de l'État:

     

     

     

     

    "J'ai voté contre le budget qui est favorable aux plus riches et injuste pour les classes moyennes et populaires. Je considère par exemple que les choix fiscaux décidés par Emmanuel Macron sur l'ISF et sur la fiscalité du capital vont continuer à creuser des inégalités patrimoniales".

     

    Les candidats à la succession de l'ex-premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis ont jusqu'au 27 janvier pour se faire connaître, l'élection étant prévue le 29 mars, et le Congrès les 7 et 8 avril. Pour l'heure, seul le député du Val-de-Marne Luc Carvounas s'est déclaré.

     


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  • Alexandre Djouhri, en septembre 2011. © Copyright 2018, RSN Alexandre Djouhri, en septembre 2011.  

    INFO RSN. Il est soupçonné d'avoir joué un rôle dans le supposé financement libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy.

    Selon nos informations, l’intermédiaire Alexandre Djouhri a été interpellé ce lundi matin à Londres. Il devrait être rapidement déféré devant la justice. Ce citoyen français, résident en Suisse, est soupçonné d’être impliqué dans l’affaire du supposé financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Il avait jusqu'à présent refusé de répondre aux convocations de la justice.

    Les juges d’instruction du pôle financier de Paris s’interrogent en particulier sur la revente au prix fort d’une villa lui appartenant à Mougins (Alpes-Maritimes) au fonds libyen dirigé par Béchir Saleh, le grand argentier du colonel Kadhafi.

    Le nom d’Alexandre Djouhri, grand ami de Dominique de Villepin et Claude Guéant, pilier des réseaux chiraquiens et sarkozystes, était réapparu dans l’actualité le 6 décembre dernier à l’occasion de la visite en Algérie d’Emmanuel Macron : il avait reçu un carton d’invitation pour une soirée donnée à la Résidence de France à Alger en l’honneur du président français.

    Sollicité, son avocat n'a pas répondu à nos appels.

     


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  • L'artiste est morte ce dimanche matin à Paris, a annoncé sa chargée de communication.

    La chanteuse France Gall est décédée ce dimanche, à l'âge de 70 ans, a annoncé sa chargée de communication. «Il y a des mots qu’on ne voudrait jamais prononcer. France Gall a rejoint le “paradis blanc” le 7 Janvier, après avoir défié depuis 2 ans, avec discrétion et dignité, la récidive de son cancer», indique-t-elle dans un communiqué. Elle avait été hospitalisée fin décembre pour une infection sévère. 

    De son vrai nom Isabelle Gall, elle commence sa carrière à 16 ans, en enregistrant son premier titre, Ne sois pas si bête, vendu à 200 000 exemplaires. Un an plus tard, en 1964, son père lui écrit la chanson Sacrée Charlemagne, vendu cette fois à 2 millions d'exemplaires. En 1965, elle remporte l'Eurovision avec le titre Poupée de cire, poupée de son, écrit par Serge Gainsbourg. Elle représente alors le Luxembourg. «J’avais 17 ans et je n’en garde pas un souvenir extraordinaire, racontait-elle au Parisien il y a trois ans. A l’Eurovision, je n’étais pas très confiante. J’avais envie que ça se finisse vite». 
    La chanteuse française France Gall lors de son concert au Palais des sports à Paris le 7 janvier 1981. © RSN  Network  Janvier  2018

    "La chanteuse française France Gall lors de son concert au Palais des sports à Paris le 7 janvier 1981. "

    C'est encore Serge Gainsbourg qui lui écrit en 1966 Les Sucettes, qui déclenche alors un scandale. 

    En 1974, après quelques années de calme, sa collaboration avec Michel Berger relance sa carrière. «La première fois qu’on s’est assis au piano, ma voix sur sa musique c’était comme une évidence. Simple et naturelle. On ne peut pas le chanter autrement», racontait-elle à Libération en 2002. Ils auront ensemble deux enfants. En retrait depuis sa mort en 1992, elle était revenue sur scène en 2015 avec la comédie musicale Résiste, en son hommage. «Je crois que c’est la chose la plus importante que j’ai fait dans ma vie», déclarait France Galle à l’époque.

     


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  • Le chef de la diplomatie américaine assure qu'il n'a jamais douté de "l'aptitude mentale" du président Trump.

    Le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson en compagnie du président américain Donald Trump, en octobre dernier.© RSN  Network  Janvier  2018

    " Le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson en compagnie du président américain Donald Trump, en octobre dernier. "

    Le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, est monté au créneau pour défendre l'aptitude mentale de Donald Trump, après la publication d'un livre accablant sur les coulisses de la Maison Blanche.

    Le livre du journaliste Michael Wolff "Fire and Fury: Inside the Trump White House" ("Le feu et la colère, dans la Maison Blanche de Trump", disponible en anglais seulement) défraie la chronique et était en tête des ventes pour sa parution vendredi, selon Amazon, relançant le débat sur la personnalité du dirigeant de la première puissance mondiale.

    "Je n'ai jamais remis en cause son aptitude mentale, je n'ai aucune raison de douter de son aptitude mentale", a répété Rex Tillerson lors d'une interview sur CNN diffusée vendredi. "Il n'est pas comme les présidents d'avant", a justifié le secrétaire d'Etat, qui n'avait pas démenti personnellement avoir traité en privé le président de "débile" l'été dernier, bien que sa porte-parole l'ait fait.

     

    "Il est comme une boule de flipper"

     

    A travers de nombreux témoignages, la plupart anonymes et qualifiés de fantaisistes par le président, l'auteur décrit les dysfonctionnements de l'exécutif et un chef d'Etat allergique à la lecture, fréquemment reclus dans sa chambre dès 18H30, les yeux rivés sur ses trois écrans de télévision, multipliant les appels à un petit groupe d'amis sur lesquels il déverse "un flot de récriminations", allant de la malhonnêteté des médias au manque de loyauté de son équipe.

    Tout son entourage, selon l'auteur, s'interrogerait sur sa capacité à gouverner, a-t-il dit vendredi dans une interview sur NBC. "Ils disent qu'il est comme un enfant. Ce qu'ils veulent dire, c'est qu'il a besoin d'être immédiatement satisfait. Tout tourne autour de lui", a affirmé Michael Wolff.

    "Il est comme une boule de flipper, il part dans tous les sens", a-t-il ajouté. Et de donner comme exemple le fait que Donald Trump répète les mêmes histoires "trois fois en dix minutes", une tendance également observée dans ses interventions publiques. Ces critiques envers Donald Trump, 71 ans, ne sont pas totalement nouvelles, mais le livre vient grossir le réquisitoire qu'avaient, en 2015 et 2016, déjà engagé Hillary Clinton et les adversaires républicains de l'homme d'affaires.

     

    Un livre "bidon"

     

    Plus récemment, le sénateur John McCain a qualifié le septuagénaire de "mal informé" et d'"impulsif". Le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Bob Corker, a comparé pour sa part la Maison Blanche à une "halte-garderie pour adultes". "Je sais de source sûre que chaque jour, à la Maison Blanche, le but est de le contenir", a-t-il dit en octobre.

    Donald Trump est furieux des reprises dans la presse, qu'il estime irrémédiablement hostile contre lui. "Maintenant qu'il a été prouvé que la collusion avec la Russie est une fable complète, et que la seule collusion ayant existé était entre Hillary Clinton et le FBI/Russie, les médias 'fake news' et ce nouveau livre bidon attaquent sur tous les fronts imaginables. Ils devraient essayer de gagner une élection. Triste!" a-t-il tweeté vendredi.

    C'est la défense de ses partisans: la meilleure preuve de son intelligence est que l'homme d'affaires novice en politique s'est fait élire contre toute les élites républicaines et démocrates. Pour eux, les médias occultent la réussite de la première année au pouvoir: la croissance, la baisse continue du chômage, les succès de la guerre contre l'organisation Etat islamique, les records à la Bourse...

     

    "J'ai beaucoup vu Donald Trump lire"

     

    "Bizarre que dès que Donald Trump gagne, les médias s'accrochent à tout objet anti-Trump qui brille (quelle que soit sa crédibilité)..." a tweeté son fils Donald Jr. La porte-parole de la Première dame Melania Trump, a également dénoncé sur CNN "un travail de fiction".

     

    "C'est un tabloïd long-format qui colporte des fausses déclarations et des fabrications totales", a ajouté Stephanie Grisham.

     

    Le livre affirme notamment que Melania Trump ne souhaitait pas la victoire de son mari et était en larmes le soir de la victoire - "et pas des larmes de joie". Parmi d'autres vétérans de la campagne, Brad Parscale a démenti de nombreux passages du récit sur Twitter: "Faux", "dingue"... Quant à l'idée que le président ne lit pas, cet ancien directeur de la campagne numérique l'affirme: "J'ai beaucoup vu Donald Trump lire. Il a des piles de dossiers autour de lui".

    Au Congrès, la question de l'état psychologique du dirigeant est de moins en moins taboue. Plus d'une dizaine d'élus démocrates (et un républicain) ont ainsi consulté en décembre une psychiatre de l'université Yale qui s'interroge publiquement sur la dégradation mentale du président. "Risible", a répondu la porte-parole de la Maison Blanche.

     


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