• Nicolas Dupont-Aignan

    Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Frédéric Poisson ont lancé mercredi leur plateforme politique pour réunir les sympathisants de droite et d'extrême droite. La tâche s'annonce compliquée: ils ne sont soutenus ni par le FN, ni par Les Patriotes, ni par l'UMP.

    L’union des droites passe-t-elle par internet? C’est l’intuition de Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Frédéric Poisson qui ont lancé mercredi « Les amoureux de la France », une plateforme participative pour réunir ceux qui à droite et à l’extrême droite partagent les mêmes idées. Pour ces deux hyperactifs de la politique, il ne s’agit pas de créer une énième formation politique mais de trouver des points de convergence entre les différentes familles de droite opposées à la politique d’Emmanuel Macron. Leur première réunion, dans un incubateur de l’ouest parisien, a attiré des personnalités aussi diverses que la députée de Béziers – et épouse du maire apparenté FN Robert Ménard – Emmanuelle Ménard, l’ancien frontiste Julien Rochedy ou l’ex-député LR Nicolas Dhuicq. « Trop longtemps les aventures politiques achoppaient sur la construction d’un mouvement, c’est pour ça que nous avons voulu commencer à l’envers, avec un site qui permette de rassembler ceux qui pensent la même chose », a expliqué Jean-Frédéric Poisson.

     

    Une démarche inspirée par Macron

     

    Mise en ligne mercredi, la plateforme propose plusieurs sondages aux internautes: « Faut-il augmenter le nombre de policiers chargés d’assurer notre sécurité? », « Faut-il restaurer l’autorité en classe et instaurer la tolérance zéro contre les incivilités scolaires? », « Faut-il interdire le port du voile islamique dans l’espace scolaire? »… Une fois compilées, les réponses des participants devraient permettre d’élaborer un programme commun aux différentes chapelles qui se sont ralliées à l’initiative. Une démarche tout droit inspirée… de la campagne d’Emmanuel Macron. « Il a réussi une forme d’union sur un projet, que nous combattons de toutes nos forces, mais qui a réussi. Mélenchon aussi. Est-ce que nous, de l’autre côté de l’échiquier, on va rester chacun dans nos couloirs, chacun avec son parti, chacun avec sa boutique sans se soucier de notre pays? », a lancé Nicolas Dupont-Aignan.

    Avec leur site internet, les « amoureux de la droite » entendent faire céder les digues qui séparent la droite républicaine des partis de droite souverainiste et d’extrême droite, convaincus que ce qui les rapproche est plus important que ce qui les sépare. « Je sais que je pourrais partir en vacances avec un ex-RPR, un militant de l’UNI ou un adhérent du FN. En revanche, j’aurais beaucoup plus de mal à voyager avec un progressiste « Plus Belle la vie » de Macron ou un socialo-communiste de Mélenchon », a ainsi observé l’ancien responsable du FNJ Julien Rochedy. « On est d’accord sur l’essentiel et on partage les mêmes idées qui sont d’ailleurs majoritaires dans le pays », a renchéri Emmanuelle Ménard.

     

    Des personnalités de second plan

     

    L’initiative peine encore à séduire. Malgré toutes leurs bonnes intentions, les deux élus n’ont mobilisé que des personnalités politiques de second plan mercredi : ni le Front national ni Les Patriotes de Florian Philippot n’avaient de représentants dans la salle. Les seconds accusent même à demi-mots le président de Debout La France de leur avoir volé l’idée d’un réseau participatif. Depuis leur départ du Front national, les Philippotistes ont en effet fait de « l’Agora » hébergée sur leur site internet, la pierre angulaire de leur mouvement. « Il reprend une idée que l’on a mise en place il y a quelques semaines, s’émeut le vice-président des Patriotes – et ancien collaborateur parlementaire de Nicolas Dupont-Aignan – Maxime Thiébault. Et évidemment, il ne nous a pas consultés avant de le faire. »

    La démarche conjointe des deux élus peut-elle accoucher d’un mouvement politique? « Quand on se lance dans ce genre de démarche, la suite logique c’est d’avoir des candidats, de distribuer des tracts… », a esquissé Jean-Frédéric Poisson, tout en reconnaissant que cette évolution ne pourrait se faire que sur le temps long. Avant de pouvoir s’allier, les différents parrains des « Amoureux de la France » devront s’accorder sur une ligne politique claire. Ce n’est pas gagné. À titre d’exemple, la députée de Béziers Emmanuelle Ménard est partisane de l’union des droites et donc d’une position libérale et pro-européenne sur l’économie. A mille lieux du souverainisme de Nicolas Dupont-Aignan. « C’était quand même le principal candidat anti-euro en 2012, celui qui déchirait des billets géants de 500 euros lors de ses meetings », fait remarquer Maxime Thiébault. Entre union des droites et souverainisme, il faudra peut-être choisir…

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    Le retour du "cordon sanitaire"

     

    Les « amoureux de la France » devront également composer avec l’éléphant dans la pièce : Laurent Wauquiez, qui s’apprête à prendre le contrôle des Républicains. Le président de la région Rhône-Alpes-Auvergne a déjà prévenu : s’il est élu président de LR, il n’y aura pas d’alliance avec le Front national. Un retour du « cordon sanitaire » qui exaspère déjà les partisans de l’union des droites. « Parfois je me dis que si une catastrophe naturelle pouvait emporter Les Républicains et le Front national, on ne s’en porterait que mieux… », glisse un participant de la réunion. Rien de tel à l’horizon pour l’instant.  


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