• le préfet de police a-t-il menti sous serment ?

    «Le Monde» révèle le contenu des réponses des services de police au procureur de la République de Paris, qui avait demandé la raison pour laquelle le couple molesté par Benalla le 1er mai n’avait pas été interpellé. Et l’une des réponses met à mal une déclaration de Michel Delpuech.

    Deux semaines après les questions, le temps des réponses. Le 25 juillet, le procureur de la République de Paris, François Molins, avait adressé un courrier, révélé par le Monde, au directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP). L’objet de la missive était de comprendre pourquoi aucune charge n’avait été retenue à l’encontre du couple molesté par Alexandre Benalla le 1er mai, sur la place de la Contrescarpe à Paris. Sur une vidéo révélée par Libération, on pouvait voir des manifestants – parmi lesquels ces deux jeunes gens – lancer des projectiles en direction des forces de l’ordre. Des instants qui se situent en amont de l’interpellation musclée opérée par l’ex-chargé de mission à l’Elysée. Le parquet de Paris avait dans la foulée ouvert une enquête préliminaire sur les violences commises sur les policiers.

    «Pas la même intensité»

    Le Monde révèle dans son édition de mardi le contenu des réponses de la police au magistrat. Et selon les forces de l’ordre, la raison pour laquelle le couple n’a pas été inquiété tient essentiellement aux circonstances du 1er mai. Ce soir-là, selon le directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne, Frédéric Dupuch, les locaux du commissariat de police situés près de la gare du Nord, destinés à accueillir les personnes arrêtées au cours de la journée, étaient saturés en raison des nombreuses interpellations. «Priorité [avait] été donnée aux individus suspectés d’avoir participé aux actions les plus violentes, porteurs d’armes, de vêtements noirs, foulards, accessoires de dissimulation, c’est-à-dire les potentiels membres des Black Blocs», a répondu le directeur de la DSPAP, cité par le quotidien du soir. Le directeur de la sécurité aurait néanmoins déploré cette absence de poursuites à l’encontre du couple, avant de détailler le contexte : «Les violences de la place de la Contrescarpe ne revêtaient pas la même intensité» que les faits commis plus tôt dans la journée, comme l’incendie du McDonald de la Gare d’Austerlitz, a étayé Frédéric Dupuch.

    Véritable identité

    Le responsable policier fait aussi valoir le fait que le couple de trentenaires n’avait «aucun antécédent au TAJ», le fichier de traitement d’antécédents judiciaires commun à la police et à la gendarmerie nationales. Cette réponse n’aurait pourtant pas contenté François Molins, poursuit le Monde, qui s’est ensuite tourné vers les policiers de la Sûreté territoriale de Paris. Si ce service corrobore la priorité qui fut donnée le 1er mai aux personnes suspectées d’appartenir aux Black Blocs, il fournit d’autres détails.

    Selon le rapport des officiers de police judiciaire, les personnes relâchées ce soir-là sont celles qui n’avaient pas porté «d’atteintes particulières ou dangereuses» à l’encontre des policiers. La Sûreté territoriale vient surtout contredire une information qui avait été relayée par plusieurs médias, selon laquelle le couple avait tenté de dissimuler sa véritable identité lors de son interpellation.

    Information aussi retrouvée dans la bouche du préfet de police de Paris lui-même, Michel Delpuech. Auditionné sous serment par la commission des lois de l’Assemblée nationale le 23 juillet, le haut gradé avait assuré aux députés que les deux jeunes gens n’avaient pas leurs papiers d’identité au moment de l’interpellation et qu’ils avaient fait état de «fausses identités». Pourtant, selon les éléments que la Sûreté territoriale a communiqués à François Molins, dévoilés par le Monde, le jeune homme a obtempéré et décliné son identité, à l’instar de sa compagne qui a présenté ses papiers.

     

     


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