• Trump créa la guerre froide technologique

    Trump© Saeko & Rsn Network - Japon

    " Le Président des Etats-Unis Donald Trump yes & la première dame : Melania Trump oh "

     

    Dernière conséquence des sanctions américaines contre les produits chinois, Huawei ne pourra plus utiliser le système d’exploitation de Google.Un coup dur qui risque, à terme, de contaminer toute la tech américaine.

    «Huawei a confiance dans l’intégrité et l’indépendance du système judiciaire des Etats-Unis. » Qui aurait prédit qu’un jour la Chine vanterait les vertus des institutions américaines ? Par la voix de son directeur juridique, Song Liuping, le principal groupe chinois du secteur des nouvelles technologies vient de déposer plainte devant un tribunal texan contre le gouvernement américain, arguant que les sanctions dont il est la cible sont anticonstitutionnelles et que le Congrès se comporte dans cette affaire en « juge, jury et bourreau ».

    Huawei est au coeur de la bataille commerciale sino-américaine depuis l’arrestation, au Canada, fin 2018 - à la demande des autorités américaines -, de la directrice financière et fille du fondateur du groupe, Ren Zhengfei. L’affaire s’est tendue un peu plus mi-mai, lorsque Donald Trump a signé un décret interdisant aux entreprises américaines d’utiliser du matériel de communication étranger lorsque celui-ci posait des problèmes de sécurité nationale. Parallèlement, son département du Commerce a ajouté Huawei à sa liste noire des entreprises ayant l’interdiction d’acquérir des technologies auprès de groupes américains.

     

     

    Boomerang et boycott

    Le plus spectaculaire des effets de cette décision aura été l’arrêt de la fourniture par Google à Huawei de son système d’exploitation Android. Mauvaise nouvelle pour les centaines de millions d’utilisateurs d’un smartphone de la marque chinoise. Ceux-ci ne pourront plus bénéficier des mises à jour de l’OS, rendant à terme leurs appareils inutilisables. Et gros coup dur pour le deuxième fabricant mondial de smartphone, qui ne peut plus commercialiser d’appareils équipés d’Android.

    Avec cette affaire, la dispute commerciale s’est transformée en nouvelle guerre froide. Et provoque des dégâts dans les deux camps. Car la double sanction de Washington ne frappe pas seulement Huawei ; elle pénalise également les géants de la tech américaine. Les fabricants de semi-conducteurs Intel, Qualcomm, Broadcom et Xinlinx ont ainsi annoncé qu’ils interrompaient leurs livraisons au géant chinois. Microsoft, lui aussi partenaire de Huawei sur la partie logicielle, a discrètement suspendu ses liens commerciaux. Et la mesure touche bien sûr des milliers d’acteurs de taille plus modeste faisant affaire avec l’empire du Milieu. « Cette décision risque de nuire à nos clients dans plus de 170 pays, dont plus de 3 milliards de consommateurs qui utilisent les produits et services Huawei, prévient Song Liuping. En empêchant les entreprises américaines de faire affaire avec Huawei, le gouvernement nuira directement à plus de 1 200 entreprises américaines. Cela affectera des dizaines de milliers d’emplois américains. »

    Ces industriels restent extrêmement discrets sur les conséquences de cette guerre froide. En une journée, en mai, Lumentum Holdings, le fabricant californien de produits optiques et photoniques a vu son cours de Bourse s’effondrer de 10 %. L’un des actionnaires de l’entreprise avait révélé que le fabricant chinois représentait 15 % de son chiffre d’affaires annuel. Chez Intel ou Qualcomm, l’impact des mesures de rétorsion américaines devrait être limité à court terme : dans les comptes de ces géants industriels, Huawei ne pèse guère plus de 3 % de leur chiffre d’affaires. Il en va de même pour Google.

    Mais à plus long terme, l’affaire Huawei risque fort de contaminer toute la tech américaine. Apple en fait déjà les frais depuis la fin 2018. Pour punir l’Amérique et défendre l’honneur de la directrice générale de Huawei, des milliers d’entreprises chinoises, encouragées par le Parti communiste, ont pris des mesures pour inciter leurs salariés à acheter des produits de la marque chinoise. La plupart offrent de rembourser 15 à 20 % du produit. Certaines sont allées plus loin. Le fabricant d’appareils électronique Shanghai Youluoke Electronic and Technology propose par exemple de rembourser intégralement à ses salariés jusqu’à deux terminaux Huawei. Dans la province du Henan, un brasseur a lancé une proposition originale : chaque employé ou client se présentant avec la facture de son téléphone Huawei recevrait en échange un bon d’achat équivalent à 30 % de la valeur de l’appareil.

     

     

    Menaces et négociations

    Et Xi Jinping y va lui aussi de ses manoeuvres d’intimidation. Le 20 mai, le président chinois s’est rendu dans la province du Jiangxi pour visiter une vaste usine de terres rares. La Chine représente 80 % des importations américaines pour ce groupe de métaux indispensables aux industries de l’électronique et de l’informatique. Et il n’en fallait pas plus pour que la presse nationale s’emballe et interprète la visite comme une menace de représailles. Pékin dispose d’autres leviers pour riposter. Le pays contrôle également près de 70 % de la chaîne d’approvisionnement en cobalt, indispensable au fonctionnement des batteries rechargeables… Au-delà de ces gesticulations, les sanctions de Washington risquent surtout de pousser la Chine à accélérer le développement de son industrie hightech et à se passer des composants américains. Dans cette partie de poker menteur, Donald Trump sait se montrer déconcertant. Il a ainsi laissé entendre que le dossier Huawei pourrait faire partie de la négociation commerciale globale entre les deux pays. Il aura l’occasion de tester les nerfs de son adversaire, fin juin, lors du prochain G 20, à Osaka, au Japon.

     

     

     

    L’inquiétante inexistence de l’Europe

    Et si les géants du high-tech européens profitaient de la guerre commerciale entre Washington et Pékin pour sortir leur propre smartphone ? La question mériterait d’être posée sérieusement dans un univers parallèle, mais pas dans le monde réel. Car les géants européens de la Tech n’existent pas. Le Vieux continent possède bien son champion du logiciel, l’Allemand SAP. Et le franco-italien STMicroelectronics dans le domaine des semi-conducteurs. Mais pas de quoi construire un rival sérieux à l’iPhone ou au Huawei P30 Pro. L’Europe est inexistante dans cet univers des technologies de l’information. Et elle n’a que peu d’excuses. Son PIB est sensiblement équivalent à celui des Etats-Unis et nettement supérieur à celui de la Chine. Son système éducatif forme d’excellents ingénieurs. Carence de financements, problèmes de langues, écarts culturels… Les motifs de cette faillite ne manquent pas. L’Europe est incapable de transformer ses champions high-tech en géants planétaires.

     


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